Malgré l’utilisation de certains vocables communs, tels que « Maîtrise d’Ouvrage », « Maîtrise d’Œuvre », « Architecture », et l’objectif commun de mener à bien d’importants « programmes de construction », il est intéressant de s’arrêter sur un des profonds décalages entre l’univers du bâtiment et l’univers des Systèmes d’Information.
Avant que ne s’élève un immeuble, l’architecte aura travaillé sur des plans ultra-précis, exhaustifs, mis à jour, et en cohérence avec les besoins de son donneur d’ordre et des utilisateurs finaux. Ces plans de l’immeuble, sous divers formats, traduisent la volonté initiale de la Maîtrise d’Ouvrage, servent à contrôler les travaux de mise en œuvre, puis serviront de multiples objectifs une fois l’immeuble construit : Aider les occupants à se repérer et se déplacer, aider les pompiers à se repérer en cas d’urgence, aider les organismes de contrôle du bâtiment, aider à la décision de suppression d’un mur en analysant ses impacts,….
Dans le monde du SI, particulièrement dans les architectures hétérogènes et donc particulièrement pour les SI Finance, la démarche théorique du plan, nommé spécifications, est la même. Cependant, la démarche réelle diverge très rapidement au gré des fusions, des changements de systèmes, de la superposition de nouvelles couches, des changements d’hommes en MOA-MOE… Les spécifications sont au mieux à peu près à jour et rangées, composant par composant, dans les tiroirs d’une GED ou d’un Intranet, rendant la vue d’ensemble impossible, au pire inexistantes.
Questions : Comment s’assurer que ce qui a été construit traduit bien la volonté initiale du Donneur d’Ordre ? Comment aider les utilisateurs finaux du SI à se repérer ? Comment aider les pompiers du SI à se repérer ? Comment aider les organismes de contrôle à contrôler ? Comment aider à la décision de suppression ou de remplacement d’un composant ou d’une donnée du SI ?
C’est là qu’intervient habituellement le fameux concept des « extractions de production », censées donner de la visibilité sur le SI, devenu point d’interrogation, et son fonctionnement. Elles sont souvent hasardeuses et non exhaustives dans ce qu’elles restituent, elles ne garantissent en rien que la volonté initiale du Donneur d’Ordre a été respectée puisqu’elles sont consultées sans l’élément de comparaison primordial qu’est le plan, la spécification. Une extraction de production à un instant « t» ne donne par ailleurs aucune visibilité sur ce qu’ont été les changements intervenus sur le SI dans les mois et années passés.
Après les hommes, le SI devient le pilier ou l’un des piliers sur lesquels repose l’activité des grands groupes d’aujourd’hui. Les SI Finance & Risques portent la responsabilité d’enregistrer et restituer les résultats de l’activité de l’entreprise, d’identifier les points sensibles de l’activité, ils méritent qu’on en garde la maîtrise, qu’on rétrodocumente consciencieusement l’existant, qu’on spécifie et documente consciencieusement les constructions futures.
La pauvreté des réflexions sur le sujet jusque lors et la priorité donnée à la construction ne doivent plus occulter le devoir de maîtrise et la nécessité de disposer des plans des SI et d’en maîtriser la lecture.